Simba

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C’est le 1er mars dernier que Simba est parti. Il avait seulement six ans. Une maladie génétique des reins. Alors qu’il était resté plusieurs jours chez la vétérinaire pour des analyses, il fallait alors que je m’occupe un maximum pour me changer les idées. Ne pas être rentré avec lui après être allé voir la vétérinaire m’avait déjà mis un bon coup au moral. Contre toute attente, travailler me faisait alors du bien. Écouter des gens me parler de leur problème me permettait de penser à autre chose. À la fin d’une semaine qui m’a paru interminable, nous avons pu le récupérer. Si les premiers jours se sont plutôt bien passés, les suivants l’étaient moins. Entre son refus de s’alimenter et l’envie de rester dans son coin les trois quarts de la journée, il n’était plus aussi enjoué qu’avant. J’étais alors dans une sorte de déni. Il était avec nous et c’est tout ce qui comptait à cet instant. Il m’a fallu, très vite, me faire à l’idée qu’une nouvelle consultation était alors urgente.

Peu avant de retourner voir la vétérinaire, alors qu’il était assis sur le lit, je lui ai dit que si c’était la dernière fois qu’il se trouvait à la maison avec moi, j’avais passé des moments inoubliables avec lui. Alors que je le remerciais pour tout, il a commencé à ronronner tout en mettant sa patte sur ma main. A cet instant, je ne voyais plus rien tant j’avais les yeux embués.

Au moment du passage à la clinique vétérinaire, nous avions la possibilité de le maintenir en vie, mais cela aurait impliqué de le placer sous perfusion en le laissant, de nouveau, à la clinique. Il avait déjà été sous perfusion et cela n’avait pas été efficace. Nous pouvions le ramener chez nous. Avant cela, il aurait fallu lui placer une poche dans l’estomac et lui faire des piqûres quotidiennement. La vétérinaire nous a dit que cela ralentirait l’inévitable sans être optimiste quant au fait que cela allongerait son espérance de vie de plusieurs années. La troisième solution consistait à abréger ses souffrances. Mon copain et moi avions imaginé tout les scénarios possibles et nous nous étions mis d’accord pour ne pas agir égoïstement. J’avais promis à Simba de rester avec lui jusqu’à la fin. J’ai tenu ma promesse. Ce n’était pas du tout facile. Je n’ai jamais autant pleuré.

J’ai été le compagnon de vie de Simba pendant 2432 jours. Si la douleur ne partira jamais et qu’il m’arrive de me mettre à pleurer soudainement, j’arrive, petit à petit, à réussir à sourire en repensant à des moments passés plus joyeux que ses derniers instants. Ses ronronnements continus à tout moment de la journée (quel bonheur pour les oreilles), ses attitudes de roi en allant faire ses besoins dans la baignoire car la litière n’était pas suffisament propre à son goût, ses miaulements proches de mon oreille quand il entendait un client que j’avais au bout du fil me crier dessus, tout cela me manque terriblement. J’avais publié, le lendemain de son départ, un post sur Instagram en sa mémoire. C’était ma manière de commencer mon processus de guérison. Les lignes que vous lisez actuellement sont, elles aussi, ma façon de vouloir avancer, sans l’oublier. En parler me fait paradoxalement du bien.

Avec mon cher et tendre, nous avons commencé à réunir dans une boîte, des photos et des objets qui nous font penser à lui. Elle a déjà un nom qui lui sied parfaitement : la Simbox. On m’a souvent demandé si j’envisageais d’avoir un nouvel animal. Là tout de suite maintenant, la réponse est un non catégorique. Avec le temps, je ne sais pas si mon avis changera. J’ai envisagé de me faire tatouer quelque chose en son honneur. Je voudrais me faire tatouer l’emoji (version iPhone) du lion. Sur la jambe ou le bras gauche, en tout petit, je ne sais pas encore. Moi qui ai peur de la douleur de l’aiguille sur la peau, je me dis qu’elle ne pourra pas être plus forte que celle de la perte de mon animal.

En plus d’avoir rendu nos vies merveilleuses, Simba aura aidé mon copain à sortir de sa dépression et m’aura tenu compagnie durant le télétravail avant de nous faire ses adieux. Nicolas (mon copain) poursuit sa formation professionnelle, et j’ai, depuis une semaine, repris, en partie, le travail en présentiel. Une certaine manière de tourner la page après la lecture d’un livre formidable, que je range alors dans ma bibliothèque des souvenirs impérissables.

2 réponses à « Simba »

  1. Avatar de Matoo
    Matoo

    Il est très touchant ton article. Vraiment désolé pour vous deux. 😦

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    1. Avatar de Dondz
      Dondz

      Merci 🦁❤️

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